L’aurore se levait à peine sur la capitale anglaise. Les premiers magasins ouvraient déjà leurs portes, les avenues s’illuminaient, les taxis démarraient leurs moteurs. Susan Foreman était en train de disputer son Tardis. Enfin, aux yeux des passants, elle hurlait sur une cabine téléphonique bleue. Comme elle avait délaissé les différents réglages pour aller s’occuper d’une invasion de chiens humanoïdes, Bruce avait décidé de se venger, prenant la forme du Tardis de son grand-père. Elle croisa les bras, vexée. C’était pas de sa faute si elle devenait comme lui. Une vieille dame qui promenait son chien l’observa un moment, sourcils froncés. Susan lui fit un coucou de la main et elle tourna rapidement les talons. La jeune femme la regarda s’éloigner. Les humains. Quelle espèce stupide. Et brillante. Ca dépendait des jours. La brune secoua la tête. Elle pointa un doigt accusateur sur le bois de sa boîte.

« Tu vas m’écouter, Bruce. Si quand je reviens ce soir, tu as toujours ce camouflage, tu n’iras pas te recharger à Cardiff avant deux semaines. Est-ce que c’est clair ?! »

Le Tardis émit simplement un grondement menaçant, exaspérant la Time Lady. Si celui-là croyait pouvoir lui dicter sa conduite ! Elle sortit son rouge à lèvre sonique, scannant les environs. Elle avait repéré des signaux étranges, souterrains. Elle avait fouillé dans les archives, et une météorite avait été aperçue deux jours plus tôt, et pourtant, aucun cratère au bout. Elle avait deviné presque immédiatement que le vaisseau s’était enterré. C’était pourtant pas sorcier. Les humains peuvent être vraiment stupides parfois. Parfois ? Non, tout le temps en fait. Susan releva son tournevis, ce n’était pas très loin. Elle se mit à courir, pour se réchauffer. Il faisait bien froid ici. Les humains avaient l’habitude de ce temps pourri. Pas elle. Elle détestait atterrir lorsqu’il pleuvait ou faisait tempête. L’atterrissage était forcément plus compliqué et la pluie décolorait son Tardis. La jeune femme prit d’abord le temps de s’acheter un croissant. Elle n’avait rien avalé depuis presque quatre jours. C’est surprenant à quel point les Seigneurs du Temps résistent à la faim. Elle avait fait une expérience, deux mois plus tôt. Elle l’avait regretté. En testant les limites de son organisme, elle avait dû faire un effort surhumain pour se relever et s’était fait une entorse. Imbécile qu’elle était. Au moins, elle avait retenu la leçon.

Elle commença à enquêter, croissant à la bouche, sur l’endroit où la météorite était tombée. Il y avait une légère trace de brûlure sur le bitume. Elle releva soudain les yeux, face au taxi qui avait freiné comme un malade et qui l’insultait désormais de tous les noms. C’était quand même pas de sa faute si le vaisseau avait atterri au milieu de la route ! Elle regagna le trottoir, frustrée, laissant le trafic reprendre. Sauf que voilà, elle se reretrouva bien rapidement sur la route. Les fenêtres du bâtiment derrière elle venait d’exploser, et elle s’était pris un morceau de verre dans la joue. Des pas résonnèrent déjà à ses oreilles, presque en même temps que les cris des passants, s’enfuyant comme des lâches. Susan leva les yeux. Des hommes en armure avançait, impassible. Elle reconnut sans problème l’espèce qu’elle avait affrontée seule quelques mois plus tôt. Finalement, ce n’était pas une si bonne idée de fuir sous leur nez… Il y avait encore une chance, ils ne l’avaient pas encore repérée. Ni une, ni deux, elle piqua un sprint derrière une benne à ordures tandis que les « Sontar-ah » des extraterrestres envahissaient la rue.

Susan se releva en grognant. Elle avait mal à sa joue. Il faut dire que le bout assez impressionnant du verre qui sortait de sa joue ne devait pas aider. Elle tira d'un coup sec dessus. Elle eut mal sur le coup, puis la douleur s'aténua. Enfin... De l'intérieur seulement. De l'extérieur, elle était couverte de sang. Et c'était pas très présentable pour sauver le monde. Elle essuya d'un coup de manche le filet qui coulait, ce qui ne servit à rien, puisqu'un autre le remplaça. Tant pis.

Elle entendit une voix l'appeler. Enfin, l'interpeller. Elle se mit à en chercher l'origine dans la fumée et la panique générale alentour. Elle fut surprise par le regard de la jeune femme, à seulement quelques centimètes d'elle. Une humaine qui ne s'était pas enfuie ? Bien. Un peu d'aide ne serait pas de refus. Qui a dit qu'elle allait accepter ? Ah. Oui. Les trois sontariens qui s'étaient tournés vers elles.

"J'ai localisé la descendante du Seigneur du Temps !" hurla l'alien. Ah. Bien sûr. Mais ils n'avaient pas fait tout ce chemin pour elle, si ? Roh, pas le temps de réfléchir. Elle attrapa la main de son humaine de compagnie du moment et la força à courir. Bien sûr, le chemin menant à son Tardis était bloqué par l'invasion.

"C'est quoi votre nom ?!" hurla Susan dans sa course, impassible. Oui, pour elle, c'était tout à fait normal de discuter pendant qu'elles risquaient la mort. Après tout, si elle mourrait, il fallait qu'elle aille annoncer à sa famille. Et si elle avait pas son nom, ça n'allait pas le faire. "Moi c'est Susan. Oui, je suis une extraterrestre, et... Oui, c'est certainement après moi qu'ils en ont les espèces de patates."

Elle la poussa dans un restaurant laissé à l'abandon dans la panique et courut derrière le buffet. Voilà, cachées. Enfin... Pas pour longtemps, elle entendait déjà les pas des Sontariens derrière elle. Un coup de blaster dans le meuble en bois et soit elles étaient à découvert... soit elles brûlaient vives. Mais arrêtons de penser un peu aux conséquences.

"Pourquoi vous m'avez suivie ?" demanda soudainement Susan. Cette question était stupide, elle l'avait limite traîné derrière elle. Mais elle aurait pu s'enfuir comme une lâche et l'abandonné à son sort. Après tout, si elle se livrait aux aliens, la Terre aurait la paix...