Lydia avait toujours été une fillette un peu bizarre, s'amusant plus volontiers à observer les insectes ou à regarder le monde à travers le télescope de son père qu'à jouer à la poupée ou à discuter avec ses petites copines. Elle n'en avait jamais vraiment eu, de toute manière.
Fille unique, Lydia était le petit trésor de ses parents et ils chérissaient chacun de ses traits, chacune de ses particularités. Qu'elle soit différente ne représentait pas un problème pour eux, bien au contraire. Leur petite princesse était unique, elle était spéciale.
Ils n'imaginaient pas à quel point... Entre crises, larmes et isolement, Lydia se révéla rapidement difficile à gérer et il fallut le diagnostic d'un pédopsychiatre pour que le mystère s'éclaircisse : leur petite puce était atteinte du Syndrome d'Asperger. Un label, qu'ils embrassèrent pleinement en faisant tout leur possible pour permettre à leur fillette de s'adapter au reste du monde.
Ce n'était pas facile. Lydia devait aller au-delà de ses peurs, de ses répulsions naturelles, se forcer à aller au-devant des autres, à parler de choses qui la faisaient volontiers bâiller. Elle devait jouer un rôle. Un rôle qu'elle n'arrivait pas toujours à tenir, ce qui lui valait d'être la tête de Turc d'une partie de ses camarades...
Heureusement, Lydia était soutenue et aimée. Elle n'était pas seule face à l'adversité, face au reste du monde, face à elle-même. Dès qu'elle était chez elle, Lydia n'avait plus à revêtir un masque. Tant qu'elle le voulait, elle pouvait parler de ses intérêts, du dernier livre qu'elle avait lu, des films "Star Wars" qu'elle avait vu et revu avec ses parents, du monde qui l'attendait, quelque part, loin dans l'espace...
Malgré les difficultés, Lydia était heureuse. Elle aimait apprendre à l'école, même si les choses n'allaient pas forcément au rythme qu'elle souhaitait, tantôt trop vite, tantôt trop lentement. Elle aimait ses parents et était la plus affectueuse des enfants avec eux, se perdant des heures durant dans des câlins fusionnels, là où le moindre contact physique brusque suffisait habituellement à lui donner des frissons.
Elle avait chéri le télescope que son père lui avait offert à son onzième anniversaire, restant des nuits durant les yeux braqués sur les étoiles. Elle avait arboré fièrement la croix que sa mère lui avait transmise, un héritage familial, qui passait de fille en fille depuis des générations. En un mot comme en mille, Lydia était une petite demoiselle comblée.
Jusqu'à ce que le pire ne finisse par arriver, de la plus bête des façons. Une voiture qui grille une priorité et boum. La mort. La Faucheuse s'était emparée de Mrs Ross, sous les yeux horrifiés de sa fille, qui était sur le siège passager et qui avait survécu à l'accident.
Lydia perdit son sourire, son enthousiasme, sa joie de vivre. Elle cessa de prêter attention à ses livres, à ses films, à quoi que ce soit d'extérieur à ses propres pensées, à elle-même. Elle ne répondait même plus aux sollicitations de son père. Elle vivait à peine, perdue dans un océan de confusion, de tristesse, de rage, toutes ces émotions qu'elle était incapable de gérer et qui lui valait, parfois, d'entrer dans des crises d'une violence à peine descriptible.
Sa mère était morte. C'était une partie essentielle de son univers qui s'était effondré. Se reconstruire ? Comment ? Elle ne savait même pas comment elle était "construite", à la base. Etait-ce seulement possible ? Est-ce que ça en valait la peine ?
Mr Ross lui-même était effondré, mais il ne pouvait pas laisser sa fille s'aventurer ainsi dans des chemins où il ne pouvait plus la suivre. Il prit la décision de tout quitter, de laisser derrière lui le passé, de tout recommencer ailleurs, loin de cette ville qui portait trop de souvenirs. Il rejoignit le reste de sa famille, à Los Angeles, emmenant Lydia avec lui.
Il fallut des mois pour que Lydia redevienne celle que son père avait toujours connu, pour qu'elle reprenne goût à la vie, pour que ses crises s'atténuent et qu'elle puisse évoluer à nouveau parmi les autres. Elle prit sur elle, désireuse de rendre son père fier d'elle, souhaitant retrouver une existence à peu près "normale". La vie continuait, la Terre tournait toujours... Même si l'image de sa Maman restait gravée dans sa mémoire, Lydia était désormais en mesure d'avancer.
D'une petite fille curieuse de tout et parfois un peu capricieuse, Lydia devint une adolescente brillante, un peu renfermée, mais toujours prompte à s'ouvrir pour peu que les autres lui permettaient de le faire.
Ce n'était pas toujours le cas, mais elle avait tout de même réussi à se faire quelques copains, une bande d'originaux, des geeks un peu déphasés. Entre leur club de lecture et leurs week-end jeux de rôle, Lydia était très occupée et s'amusait comme une folle, au grand soulagement de son père et du reste de sa famille.
Le collège fut dur, mais leur petite bande et le soutien de sa famille et de ses professeurs permirent à Lydia d'en affronter les plus terribles aspects et d'en sortir victorieuse.
Puis il y eut le lycée, un univers bien plus cruel. Ses camarades étaient partis pour des établissements différents et Lydia se retrouvait seule face à une faune implacable.
Heureusement pour elle, elle avait toujours ses livres, son mp3 rempli de bandes-sons de ses films préférés, et cet espoir fou qu'un jour, elle puisse partir sur une autre planète et laisser derrière elle un monde où elle n'avait pas tout à fait sa place...
Son rêve prit forme en novembre 2013, d'une bien terrible façon. La Terre était assiégée, à la merci d'une race extraterrestre sans merci. Cela aurait pu être la fin de l'espèce humaine, mais ils furent sauvés par un autre extraterrestre, un certain "Docteur".
Pour Lydia, cette révélation fut le choc de sa vie, un instant qui la plongea dans une hystérie enjouée, pour le moins déplacé en raison des conséquences de cette invasion.
Elle le savait ! Les extraterrestres existaient ! Ils étaient là, hors de cette planète et aussi sur Terre, peut-être même à ses côtés, sans qu'elle ne le sache ! Son père se méfiait, sa famille et le reste du monde s'alarmait volontiers, mais Lydia n'éprouvait aucune peur, aucune crainte : non, c'était un événement qu'elle avait prédit, quelque chose qu'elle... maîtrisait. Qu'elle souhaitait du plus profond de son être.
Les mois qui suivirent cette révélation, Lydia eut bien du mal à détacher son attention du ciel. Elle ne savait pas trop ce qu'elle attendait... Qu'un X-Wing vienne la chercher ? Qu'un vaisseau USS Enterprise se pose devant elle et qu'on la téléporte à l'intérieur ? Ou peut-être qu'elle espérait juste que ce mystérieux Docteur qui était sur toutes les lèvres vienne à sa rencontre...
Aujourd'hui encore, Lydia patiente. Elle lit, regarde ses films, joue à ses jeux, excitée à l'idée que tout cela puisse un jour être réalité. Un jour, oui... Un jour, Lydia voyagera pour de vrai. Et elle trouvera sa place. Ailleurs.
Pour les Time Lords, en plus de l'histoire, un test de role play vous est imposé. Dans un minimum de 50 lignes, nous vous demandons de nous raconter comment vous avez fait face au vortex du temps lors de vos huit ans, ainsi que votre premier voyage à bord de votre TARDIS.